Amant

 

Avoir ou ne pas avoir un ~

 

"Elle fut étonnée de n’avoir point encore pensé combien il était peu vraisemblable qu’un homme comme Monsieur de Nemours, qui avait toujours fait paraitre tant de légèreté parmi les femmes, fût capable d’un attachement sincère et durable.
Elle trouva qu’il était presque impossible qu’elle put être contente de sa passion.
Mais je le pourrais être, disait-elle, qu’en veux-je faire ? Veux-je la souffrir ?  Veux-je y répondre ? Veux-je m’engager dans une galanterie ? Veux-je manquer à Monsieur de Clèves ? Veux-je me manquer à moi-même ? Et veux-je enfin m’exposer aux cruels repentirs et aux mortelles douleurs que donne l’amour ?
Je suis vaincue et surmontée par une inclination qui m’entraine malgré moi. Toutes mes résolutions sont inutiles ; je pensais hier tout ce que je pense aujourd’hui et je fais aujourd’hui tout le contraire de ce que je résolus hier.
Il faut m’arracher à la présence de monsieur de Nemours. »

 

Madame de Lafayette, La princesse de Clèves, Gallimard, folio classique, 2000, pages 161 – 162

 

On me dit que cela fait trop, trois passages de la Princesse de Clèves dès les débuts de l'encyclopédie des femmes. Moi, je réponds que ça me plait et que ça va bien, ainsi cela doit-il être. Si l’on n’apprécie pas, on peut passer à l’extrait suivant.

Je voulais dire "on peut sauter la Princesse de Clèves", mais ça fait vulgaire. Quoique c’eût été une première pour elle. C’était ça en fait, tout l’intérêt d’en rajouter une couche pour la Princesse de Clèves.

 

 

Distinguer l'~ dans la masse

 

« Aujourd'hui, je suis capable de comptabiliser quarante-neuf hommes dont je peux dire que leur sexe a pénétré le mien et auxquels je peux attribuer un nom ou du moins, dans quelques cas, une identité. Mais je ne peux chiffrer ceux qui se confondent dans l'anonymat. Dans les circonstances que j'évoque ici, et même s'il y avait dans les partouzes, des gens que je connaissais ou reconnaissais, l'enchainement et la confusion des étreintes et des coïts était tels que si je distinguais des corps, ou plutôt leurs attributs, je ne distinguais pas toujours les personnes. »

Catherine Millet, La vie sexuelle de Catherine M., éditions du Seuil, 2001, page19

 

C’est sobrement drôle, cette présentation de la question du nombre, une forme de confusion entre objets et sujets. Catherine Millet ordonne son livre par thématiques.  Ici, j’ai prélevé un extrait du chapitre intitulé  « nombre ». Parfois c’est un peu cru.

Voici un autre passage, de la préface, qui a retenu mon attention :

« Dans un débat public une personne m'a demandé à qui j'avais voulu adresser mon livre. Heureusement que l'on écrit sans se représenter les destinataires, ou même qu'on les élimine au fur et à mesure si brusquement ils surgissent comme le gendarme devant Guignol. Mais enfin, le travail mené à bien, j'ai spontanément répondu : "aux femmes". »

Préface « Pourquoi et comment » page IV

 

Bienvenue dans l’encyclopédie des femmes !

 

Avoir des égards pour l'~

 

«  Quelqu’un vous a envoyé une poésie ; il faut que l’on compose bien vite un « poème en réplique », et l’on reste cependant un moment sans pouvoir rien écrire. C’est bien impatientant !

Pour répondre à un amant, on n’a pas besoin de tant se hâter.

Il est néanmoins des cas où l’on doit, naturellement, le faire. D’ailleurs, à plus forte raison, quand il s’agit d’une correspondance ordinaire, soit avec un homme, soit avec une femme, on risque de commettre de désagréables bévues si l’on pense qu’il importe seulement de répondre vite. »
Shei Shônagon, Notes de chevet, Connaissance de l’Orient, Gallimard / Unesco, 1966, page 203

Ces mots ont été écrits au début du XIème siècle par une dame d'honneur de la princesse Sadako, à la cour impériale japonaise. Dans la liste des « choses impatientantes » d’où est tiré cet extrait, à la page 203, on retrouve comme dans les autres listes des Notes de chevet une foule de choses de tailles et épaisseurs diverses qui se pressent, se côtoient… des choses délicates, des choses pudiques, des choses terre à terre. J’ai relevé ce passage pour l’encyclopédie des femmes pour illustrer le traitement infligé à l’amant souhaité, espéré, désiré, convoité… J’ai revu récemment un sketch de Florence Foresti qui joue la fille avec son téléphone en plein atermoiements de type flirt adolescent, ou adulte d’ailleurs. Que ce soit pour envoyer ou répondre à un texto (je lui réponds, ou pas, tout de suite, ou plus tard), la grande question du « texto en réplique » demeure à jamais irrésolue mille ans après Shei Shônagon.

 

Tuer l' ~

 

Anthropologiquement parlant, que répondre à la question : « le mari a-t-il le droit de tuer l’amant ? »

« Oui, l’un des deux doit mourir. Le mari protège son territoire, ce qu’on appelle son  « honneur », et il le protège lui-même. S’il tue l’amant, il n’y a plus de compétition. On dit même qu’ « il a lavé l’opprobre dans le sang ». Expression étonnante, car le sang tache, au lieu de laver ! Mais il ne faut pas oublier que, dans les croyances anciennes, le sperme, c’est du sang. En « lavant dans le sang », un homme supprime le danger inhérent à la rencontre de son sperme avec le sperme d’un autre. Il oblige le sperme du rival à s’écouler, définitivement, hors du corps de celui-ci et hors du corps de la femme. »

La plus belle histoire des femmes, entretiens avec Françoise Héritier, Michelle Perrot Sylviane Agacinski par Nicole Bacharan, Seuil, 2011, pages 34 – 235

Une bonne réponse anthropologique à une question juridique, ça ne fait pas de mal.

Cette entrée de l’encyclopédie des femmes pourrait également être classée sous « lessive, conseils concernant la ~ ». Elle est un peu collante.

 

Suit la façon dont on traite l’amant.

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