manque de chasteté des ~(s)

 

Nous sommes en 1146. La deuxième croisade.

«  Ce n’est d’ailleurs pas pour avoir emmené sa femmes que Louis VII fut blâmé par certains contemporains – remarquons que son arrière-petit-fils Saint-Louis, agira exactement de même au siècle suivant -, mais c’est parce qu’Aliénor et, entrainées probablement par son exemple, les autres femmes faisant partie de l’expédition, la comtesse de Blois, Sybille d’Anjou, comtesse de Flandre, Faydide de Toulouse, Florine de Bourgogne – n’entendaient pas se passer de leurs chambrières ni renoncer à un confort relatif au cours de ce long périple. D’où le nombre extravagant des chariots qui s’étiraient sur les plaines d’Europe Centrale en direction de la Hongrie. Beaucoup trop de chariots murmuraient les hommes d’armes ; beaucoup trop de chariots constataient avec eux les clercs. Et, tandis que les premiers entrevoyaient les désastres que pourrait essuyer une armée encombrée de tant de bouches inutiles et de lourds convois, les hommes d’église stigmatisaient les désordres inévitables qui allaient en résulter. Beaucoup de suivantes et de filles de chambre, cela signifiait, le soir au bivouac, bien des rires suspects, biens des allées et venues furtives autour des tentes à la nuit tombée. Le moral n’y gagnait rien, dans ces gens engagés dans une pieuse randonnée. Et comme le fait remarquer un chroniqueur qui ne reculait pas devant les calembours douteux, ces campements n’avaient rien de chaste (castra non casta). »

Régine Pernoud, Aliénor d’Aquitaine, Albin Michel, Le live de poche 1965, page 52

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