alphabétisation

Symptomes de l'alphabétisation des femmes (Paris, XVIIIème)

 

« Avec 75% de femmes signant leur testament ou leur contrat de mariage à la fin du XVIII ème siècle, Paris a montré contre Molière et Arnolphe, comment on pouvait, on devait, faire venir l’intelligence aux filles. »

 

Martine Sonnet,  l’Education des filles au temps des Lumières, Les éditions du cerf, page 11

 

Processus de l'alphabétisation

 

« Entre 1760 et 1789, dans un Paris peuplé de 600 000 à 800 000 habitants grouillent entre 96 600 et 128 800 garçons et filles de 7 à 14 ans, soit en âge d’apprendre. Les filles, un peu plus nombreuses que la gent masculine, sont de 49 500 à 66 000 à convoiter les 11 000 places disponibles pour elles dans les écoles. Théoriquement, on compterait donc une écolière pour 5 ou 6 parisiennes en âge de l’être, mais une écolière pour 3 ou 4 postulantes semble un score plus proche de la réalité. Cette correction tient compte à la fois de la brièveté des scolarités - les élèves ne demeurent pas sur leurs bancs de 7 à 14 ans mais au mieux pendant 2 ou 3 années – et des fillettes qui n’entrent pas dans la compétition. Il faut défalquer du calcul, d’une part, la frange –inchiffrable – de population flottante, étrangère à tout souci éducatif et, d’autre part, celle – tout aussi inchiffrable, des enfants qui apprendront à lire et à écrire chez elles et dans l’échoppe d’un maitre écrivain. En proposant une place en classe pour 3 ou 4 écolières potentielles, Paris ne permet certes pas à toutes les familles d’en profiter, mais nul doute que les plus déterminés à instruire leurs filles y parviennent. Les taux d’alphabétisation féminine de la capitale le confirment l’expression d’une infrastructure scolaire satisfaisante, au moins pour les apprentissages les plus fondamentaux.

Faute de certificats, brevets ou autres sanctions glorieuses du savoir acquis, le comptage de signatures féminines au bas d’actes notariés reste la seule évaluation de la scolarité, même s’il est délicat d’établir un rapport précis entre la capacité à signer et l’habilité à déchiffrer un texte ou à manier la plume. »

 

Martine Sonnet, L’Education des filles au temps des Lumières, Les éditions du cerf, page 82

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