
« Par cette raison d’indépendance, l’amour de l’étude est de toutes les passions celle qui contribue le plus à notre
bonheur. »
Emilie du Châtelet, Discours sur le bonheur, Rivage poche, petite bibliothèque, page 52
Emilie du Châtelet parle depuis son siècle, le XVIIIème, aux côtés de Voltaire ; elle parle d’un siècle où les petites filles sont privées de l’étude, ou presque (voir L’éducation des filles au temps des Lumières, de Martine Sonnet) et sa pertinence demeure pourtant pour bien des femmes.
étude necessaire au bonheur des femmes
« Il est certain que l’amour de l’étude est bien moins nécessaire au bonheur des hommes qu’à celui des femmes. Les hommes ont une
infinité de ressources pour être heureux, qui manquent entièrement aux femmes. Ils ont bien d’autres moyens d’arriver à la gloire, et il est sûr que l’ambition de rendre ses talents utiles à son pays
et de servir ses concitoyens, soit par son habileté dans l’art de la guerre, ou par ses talents par le gouvernement, ou les négociations, est fort au-dessus de celle qu’on peut se proposer pour
l’étude ; mais les femmes sont exclues, par leur état, de toute espèce de gloire, et quand, par hasard, il s’en trouve quelqu’une qui est née avec une âme assez élevée, il ne lui reste que
l’étude pour la consoler de toutes les exclusions et de toutes les dépendances auxquelles elle se trouve condamnée par état. »
Emilie du Châtelet, Discours sur le bonheur, Rivage poche, petite bibliothèque, pages 52-53
Mais comme le rappelle Elisabeth Badinter dans la préface du Discours, si l’étude console, elle suscite sarcasmes d’autres femmes et ironie agressive des hommes de sciences. Car Emilie du Châtelet a su devenir la représentante officielle de Leibniz en France, la traductrice des Principia de Newton, une grande mathématicienne de son siècle et de notre histoire.